Aller au contenu

Pierre Bachelet – Les Corons – 1982

    Paroles

    Au nord, c’étaient les corons
    La terre c’était le charbon
    Le ciel c’était l’horizon
    Les hommes des mineurs de fond

    Nos fenêtres donnaient sur des fenêtres semblables
    Et la pluie mouillait mon cartable
    Mais mon père en rentrant avait les yeux si bleus
    Que je croyais voir le ciel bleu
    J’apprenais mes leçons, la joue contre son bras
    Je crois qu’il était fier de moi
    Il était généreux comme ceux du pays
    Et je lui dois ce que je suis

    Au nord, c’étaient les corons
    La terre c’était le charbon
    Le ciel c’était l’horizon
    Les hommes des mineurs de fond

    Et c’était mon enfance, et elle était heureuse
    Dans la buée des lessiveuses
    Et j’avais des terrils à défaut de montagnes
    D’en haut je voyais la campagne
    Mon père était « gueule noire » comme l’étaient ses parents
    Ma mère avait les cheveux blancs
    Ils étaient de la fosse, comme on est d’un pays
    Grâce à eux je sais qui je suis

    Au nord, c’étaient les corons
    La terre c’était le charbon
    Le ciel c’était l’horizon
    Les hommes des mineurs de fond

    Y avait à la mairie le jour de la kermesse
    Une photo de Jean Jaurès
    Et chaque verre de vin était un diamant rose
    Posé sur fond de silicose
    Ils parlaient de 36 et des coups de grisou
    Des accidents du fond du trou
    Ils aimaient leur métier comme on aime un pays
    C’est avec eux que j’ai compris

    Au nord, c’étaient les corons
    La terre c’était le charbon
    Le ciel c’était l’horizon
    Les hommes des mineurs de fond

    Le ciel c’était l’horizon
    Les hommes des mineurs de fond