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François Feldman – Le serpent qui danse – 1991

    Paroles

    Que j’aime voir, chère indolente,
    De ton corps si beau,
    Comme une étoffe vacillante,
    Miroiter la peau !

    Sur ta chevelure profonde
    Aux âcres parfums,
    Mer odorante et vagabonde
    Aux flots bleus et bruns,
    Comme un navire qui s’éveille
    Au vent du matin,
    Mon âme rêveuse appareille
    Pour un ciel lointain.

    Tes yeux, où rien ne se révèle
    De doux ni d’amer,
    Sont deux bijoux froids où se mêle
    L’or avec le fer
    A te voir marcher en cadence,
    Belle d’abandon,
    On dirait un serpent qui danse
    Au bout d’un bâton.

    Sous le fardeau de ta paresse
    Ta tête d’enfant
    Se balance avec la mollesse
    D’un jeune éléphant,
    Et ton corps se penche et s’allonge
    Comme un fin vaisseau
    Qui roule bord sur bord et plonge
    Ses vergues dans l’eau.

    Comme un flot grossi par la fonte
    Des glaciers grondants,
    Quand l’eau de ta bouche remonte
    Au bord de tes dents,
    Je crois boire un vin de Bohème,
    Amer et vainqueur
    Un ciel liquide qui parsème
    D’étoiles mon cœur !

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