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Nicolas Peyrac – Et mon père – 1975

    Paroles

    Quand vous dansiez en ce temps-là,
    Pas besoin de pédale wah-wah.
    C’était pas la bossa nova
    Mais ça remuait bien déjà.
    Les caves étaient profondes
    Et la ronde
    Ne s’arrêtait pas.
    Un vieux piano bastringue
    Et les dingues
    Tournoyaient déjà.

    Et Juliette avait encore son nez.
    Aragon n’était pas un minet.
    Sartre était déjà bien engagé.
    Au Café de Flore, y avait déjà des folles
    Et mon père venait de débarquer.

    Il hantait déjà les boutiquiers.
    Dans sa chambre, on troquait du café.
    Il ignorait qu’un jour, j’en parlerais.

    Quand vous flirtiez en ce temps-là,
    Vous vous touchiez du bout des doigts.
    La pilule n’existait pas.
    Fallait pas jouer à ces jeux-là.
    Vous vous disiez « je t’aime »,
    Parfois même
    Vous faisiez l’amour.
    Aujourd’hui, deux salades,
    Trois tirades
    Et c’est l’affaire qui court.

    L’oncle Adolf s’était déjà flingué.
    Son Eva l’avait accompagné,
    Des fois qu’il aurait voulu draguer

    Qui sait si, là-haut, il n’y a pas des folles
    Et mon père allait bientôt planter
    Cette graine qui allait lui donner
    Ce débile qui essaie de chanter.
    Il ignorait que viendraient mes cadets.

    Quand vous chantiez en ce temps-là,
    L’argent ne faisait pas la loi.
    Les hit parades n’existaient pas,
    Du moins, ils n’étaient pas de bois.
    Tu mettais des semaines
    Et des semaines,
    Parfois des années.
    Si t’avais pas de tripes,
    Ta boutique, tu pouvais la fermer

    Et Trenet avait mis des années,
    Brassens commençait à en baver

    Et Bécaud astiquait son clavier.
    Monsieur Brel ne parlait pas encore des folles
    Et mon père venait de débarquer
    Là ou restait quelque humanité,
    Là où les gens savent encore parler
    De l’avenir… même s’ils sont fatigués.

    Et Juliette avait encore son nez.
    Aragon n’était pas un minet.
    Sartre était déjà bien engagé.
    Au Café de Flore, y avait déjà des folles
    Et mon père venait de débarquer.
    Il hantait déjà les boutiquiers.
    Dans sa chambre, on troquait du café.
    Il ignorait qu’un jour, j’en parlerais.