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Hubert-Félix Thiéfaine – Les dingues et les paumés (Live 2015) – 1982

    Paroles

    Les dingues et les paumés jouent avec leurs manies
    Dans leurs chambres blindées, leurs fleurs sont carnivores
    Et quand leurs monstres crient trop près de la sortie
    Ils accouchent de scorpions et pleurent des mandragores
    Et leurs aéroports se transforment en bunkers
    À quatre heures du matin derrière un téléphone
    Quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers
    Et s’invitent à calter en se gueulant « Come on »

    Les dingues et les paumés se cherchent sous la pluie
    Et se font boire le sang de leurs visions perdues
    Et dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
    Ils voient se dérouler la fin d’une inconnue
    Ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
    Crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles
    Ils croient voir venir Dieu ils relisent Hölderlin
    Et retournent dans leurs bras glacés de baby-doll

    Les dingues et les paumés se traînent chez les Borgia
    Suivis d’un vieil écho jouant du rock’n’roll
    Puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
    Essayant d’accrocher un regard à leur khôl
    Et lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
    Ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
    Et sont comme les joueurs courant décapités
    Ramasser leurs jetons chez les dealers du coin

    Les dingues et les paumés s’arrachent leur placenta
    Et se greffent un pavé à la place du cerveau
    Puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka
    En se faisant danser jusqu’au dernier mambo
    Ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort
    Piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
    Ils ont cru s’enivrer des chants de Maldoror
    Et maintenant, ils s’écroulent dans leur ombre animale

    Les dingues et les paumés sacrifient Don Quichotte
    Sur l’hôtel enfumé de leurs fibres nerveuses
    Puis ils disent à leur reine en riant du boycott
    « La solitude n’est plus une maladie honteuse »
    Reprends tes walkyries pour tes valseurs maso
    Mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar
    Et cet ange qui me gueule « Viens chez moi, mon salaud »
    M’invite à faire danser l’aiguille de mon radar »